L’eau La vie….
Pour l’implantation d’un rucher, la base essentielle à rechercher est la ressource en eau. En effet une ruche aura besoin de quelques 70 litres d’eau tout au long de la saison. La qualité de cette eau doit être bonne et d’un débit suffisant surtout en saison de sécheresse. En début de saison (printemps) les abeilles iront probablement récolter la rosée du matin mais il reste indispensable de leur faire bénéficier d’une réserve d’eau et si possible en les attirant au début avec un mélange sucré (50/50). Si vous arrivez à fixer vos abeilles sur votre abreuvoir, vous pourrez contrôler la qualité de l’eau et éviterez les déconvenues liées à la pollution. Pour ce faire, il existe des abreuvoirs avicoles qui feront amplement l’affaire :
Vous pouvez également vous fabriquer un abreuvoir en récupérant les eaux de pluie ce qui rendra votre abreuvoir autonome :
L’environnement
Jauger le potentiel mellifère
Estimer les ressources botaniques de la zone en espérant une abondante miellée n’est pas facile. Les apiculteurs essayent souvent l’emplacement plusieurs années avant de pouvoir valider le potentiel. En réalité la présence florale riche et varié ne suffit pas à produire du miel, il faudra aussi compter sur le ph du sol (taux d’acidité) qui permet aux plantes de sécréter plus ou moins de nectar. Pour cela il s’agira dans un premier temps de savoir reconnaître le sol auquel on a à faire en fonction de sa végétation naturelle :
Un sol sableux
- Visuellement : sa couleur tend vers le marron intermédiaire. L’eau reçue est de suite absorbée.
- Au toucher : friable, inconsistant.
- À partir de la végétation spontanée : armoises communes, chiendents, mauves sylvestre, morelles noires, oxalis des fontaines, mourons des oiseaux…
Un sol argileux
- Visuellement : foncé. Flaques persistantes après une grosse averse. Larges fentes par temps sec.
- Au toucher : collant lorsqu’il est humide, dur lorsqu’il est sec.
- À partir de la végétation spontanée : bouton d’or, joncs communs, liserons, grandes oseilles, grandes prêles, moutardes des champs…
Un sol calcaire
- Visuellement : clair à blanchâtre.
- Au toucher : texture fine, caillouteuse, sèche l’été, parfois collante par temps de pluie.
- À partir de la végétation spontanée : bleuets, coquelicots, fumeterres, galéopsis, trèfles blancs, verveines officinales, vesces communes, genévriers, sureaux, sorbiers…
Un sol acide
- Visuellement : souvent humifère, brun.
- Au toucher : souvent frais.
- À partir de la végétation spontanée : callunes, camomilles romaines, fougères, genêts à balai, pensées sauvages, rumex à feuilles obtuses, spergules des champs…
Ainsi, nous pouvons interpréter ici des exemples de fleurs à rechercher en fonction de votre sol pour une production en nectar idéale :
PH Faible acidité (Sol Argilo-calcaire-sableux) Sol acide PH élevé
TOURNESOL
Trèfle,Accacia,COLZA,
L’emplacement
On y arrive je vous sentez impatient, l’apiculture est souvent incompatible avec les activités de voisinage immédiat. Pour éviter le dérangement des abeilles et de vos proches voisins, il faudra faire preuve de diplomatie et de bon sens tout en respectant le code rural.
Plusieurs articles de ce dernier contiennent des éléments sur les distances à respecter, cependant chaque département fixe ses limites selon un arrêté préfectoral, c’est donc à la préfecture qu’il faudra se renseigner. A défaut, la municipalité est également habilitée à prendre un arrêté sur ce sujet.
Une fois ces formalités accomplies, vous pourrez aménager votre terrain en confort pour vous et vos abeilles.
L’apiculture demande une logistique importante et donc l’accès véhiculé au terrain reste primordial, le 4×4 sera parfois nécessaire.
Voici quelques exemples de dispositions qui permettent de limiter la dérive des abeilles :
Eviter de croiser les flux, profiter de la végétation :
L’exposition de l’emplacement du rucher est importante surtout en période d’hivernage. Les emplacements trop humides et ombragés favorisent le développement de maladies sanitaires et du varroa. Il sera préférable de choisir une exposition à l’abri des vents dominants et ensoleillée un maximum pendant la journée. Evidemment en été, un bon ombrage sera toujours apprécié par vos abeilles.
Les abeilles disposent de particules de magnétites dans leur abdomen ce qui les rend sensibles aux basses fréquences et plus précisément au champ magnétique terrestre. Ce facteur sera également à associer aux influences du réseau de téléphonie mobile qui pourrait perturber les vols de nos protégées.
L’étude des vents dominants est une des clefs de la réussite de vos hivernages :
La monoculture et le réchauffement climatique, y aurait il un ou plusieurs loups dans nos campagnes ?
La monoculture et le changement climatique : Deux facteurs indépendants mais agissant grandement sur le déclin de vos colonies. Aussi, il faudra limiter l’exposition des abeilles aux zones de monoculture qui constituent un désert floral vecteur de carence et d’affaiblissement. Les périodes de sécheresse engendrées par le réchauffement climatique accentuent également la disette et les colonies sont souvent impossibles à sauver.
Pour cela l’apiculteur devra limiter son nombre de ruches par emplacement en fonction de la densité florale et de la saison. (Attention aux surpopulations d’abeilles qui causent de nombreux problèmes de pillage, d’agressivité et de stress)
Astuce : Réduire les entrées en période de disette alimentaire diminue le risque de pillage, le passage d’eau javellisée par pulvérisation devant les entrées calmera un rucher en état de pillage.
La transhumance est également un moyen de lutter activement contre ce phénomène de manque floral mais peut être également une tension de plus pour vos abeilles.
Attention aux surchauffes en été et aux déplacements trop éloignés.
En jouant sur les altitudes vous pourrez gagner jusqu’à 15 jours de décalage de floraison.
La Conduite du rucher
Il n’y a pas de formule spéciale pour mener à bien un projet de rucher si vous savez respecter le rythme de vos abeilles et leur apporter le confort nécessaire à leur bon développement. En suivant les quelques conseils amenés précédemment tout ira pour le mieux.
Vous pouvez agir sur bon nombre de paramètres pour avoir un rucher sain et équilibré :
Un support de ruche adapté ménagera votre dos et isolera la ruche de l’humidité du sol. Quel que soit le support, il faudra penser à incliner ses ruches vers l’avant surtout en hiver pour faciliter l’écoulement de l’humidité et l’évacuation des déchets par les abeilles.
Dans une apiculture dynamique le renouvellement des cadres favorise un excellent état sanitaire, on parle d’une moyenne de trois cadres de corps chaque année en règle générale. Les vieux rayons seront fondus et vous pourrez échanger votre cire contre des feuilles alvéolées prête à l’emploi.Pour faire fondre vos cadres de cire ou opercules, une chaudière à cire sera d’une bonne utilité, une simple vitre montée sur un châssis incliné vous fournira un cérificateur solaire :
Pour augmenter en capacité, un vieux ballon d’eau chaude usagé pourra faire aussi bien qu’une chaudière à cire du commerce, voici le principe :
On découpe les deux extrémités du cylindre à la disqueuse pour les souder (étanche) ensemble=cela forme une sphère sur laquelle on vient souder (étanche tjs) le reste du cylindre au dessus. Voilà votre chaudière est prête sans avoir a faire une usine a gaz!!!
Attention le traitement de vos cadres avec ce procédé ne permet pas une désinfection. Ne pas hésiter à se séparer des trop vieux cadres sources de pathologie.
Un bain de javel ou de soude reste la seule alternative sanitaire fiable.
Faire bâtir ses abeilles au printemps doit être un objectif pour éviter les essaimages et favoriser la ponte de la reine en créant des espaces. Il faudra être prudent à ne pas casser la cohésion du nid en écartant trop rapidement la chambre à couvain.
Enfin les cadres à jambage sont parfaits pour mener cette dynamique de construction.
Les cadres de partition dit isolant permettent de réduire le nid soit pour l’hivernage ou en cas de constitution d’essaims sur cadres.
Les cadres de pollen qui peuvent bloquer les pontes en période de miellé pourront être conservés au congélateur pour être réutilisés ultérieurement.
Il existe deux sortes de nourritures utilisées en apiculture. Le maître mot ici sera modération car les abeilles possèdent un système digestif fragile qui peut être rapidement perturbé par des excès. La nosémose est une des conséquences d’un nourrissement inapproprié.
Les nourritures liquides sont appelés « sirop » et les nourritures solides sont appelés « candi ».
Le sirop sera utilisé en stimulation en période plus chaude avec une faible concentration de sucre (50/50) puis sera augmenté pour les nourrissements tardifs en fin de saison (Sirop lourd d’hivernage).
Nous ne vous conseillerons pas de chauffer vos sirops ni de fabriquer vos candis à chaud car les procédés de cuisson sont complexes. Ces procédés à forte chaleur peuvent altérer les sucres et nuire à la bonne digestion des abeilles.
Pour environ 2 Kg de sirop léger 50/50 vous pouvez concentrer le mélange au gré de la saison :
- 1 Kg de sucre ou sucre glace
- 1 Litre d’eau
- 1 Cuillère à soupe de vinaigre de cidre
Tirer directement de l’eau chaude de votre installation sanitaire (Max 65°) et ajouter le sucre ou sucre glace.
Remuer Jusqu’à dissolution complète du sucre dans l’eau. Ajouter à la fin la cuillère à soupe de vinaigre. L’ajout de miel est possible mais attention à sa provenance car il peut être porteur d’agent pathogènes comme la loque ou la nosémose. Vous pourrez également incorporer des compléments alimentaires (protéine ou pollen) favorisant la digestion des abeilles en prévention des maladies citées ci-dessus.
Mettre en bidon/bouteille et distribuer le mélange tiédi directement à vos abeilles qui sera fortement apprécié.
Pour que votre distribution d’un sirop léger soit plus précise et moins fatigante la conception d’un chariot équipé d’une pompe à gasoil 12 volts est utile :
Si vous avez acheté ou élaboré du sirop lourd, vous savez que ses proportions sont de 2/3 de sucres (matière sèche) et 1/3 d’eau.
Une simple règle de trois vous donne la quantité d’eau potable à rajouter pour transformer le sirop lourd en sirop de stimulation.
1 Kg de sirop lourd = 0,66 Kg de sucre + 0,33 Kg d’eau.
Rajouter alors 0,33 Kg d’eau, soit 1/3 de la masse, on obtiendra 1,33 Kg de sirop.
Ce qui nous fait : 2/3 de sucre + 2/3 d’eau = 0,66 Kg de sucre + 0,66 Kg d’eau = 1/2 sucre + 1/2 d’eau ; soit 50-50.
Le candi solide lui sera pour les périodes moins favorable et plus hivernale.
Sur les mêmes propos que la recette pour le sirop, nous ne préconiserons qu’une recette de candi à froid avec exclusivement du sucre glace ou équivalent chez les fabricants spécialisés.
Aussi le sucre glace pâtissier du commerce peut devenir rapidement un budget trop important pour réaliser vos préparations. Pour cela l’achat d’un moulin à grain Avicole est une solution qui va vous permettre de réaliser des économies et de garder la maîtrise sur votre fabrication.
Assurez vous que le moulin soit équipé d’une grille de 1mm au maxi pour obtenir à partir d’un sucre cristal normal une farine de sucre idéale aux préparations de candi ou sirop.
Pour 1kg de sucre glace, compter 10% d’eau et de miel fondu à proportionner en part égale
Le mélange peut se faire à la main pour les courageux mais un malaxeur accélérera la procédure, également vous pouvez incorporer à votre sucre des protéines ou du pollen qui seront une vrai valeur ajoutée en cas de carence de votre ruche. Les recettes préconisent un dosage à 10% en protéines, attention, le surdosage peut limiter l’appétence de votre préparation.
Malaxer jusqu’à obtenir une pâte compacte, rajouter du sucre glace si nécessaire jusqu’à avoir une pâte non collante finissez à la main pour jauger la texture.
La distribution pour se faire sur un papier journal directement au contact de la grappe ou bien dans un nourrisseur prévu à cet effet.
ATTENTION aux poussières de sucre qui peuvent rayer définitivement vos lunettes…
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